...Un jour d’été,à Grasse,je marchais dans les rues sous un soleil dément.Je suis passé devant une fenêtre basse,
presque au niveau du trottoir.Sans ralentir mon pas,j’ai regardé à l’intérieur.
Il y avait de l’ombre et un couple en train de s’embrasser. Cette vision a durée deux secondes.
Elle m’a rafraîchi pour la semaine.C’est la même image que je surprends chez Mozart:
deux notes qui s’embrassent dans la pénombre.J’ai pour le réel une amitié furtive.Je ne vois bien qu’à la dérobée.
Qu’il y ait,en cet instant précis où j’écris,deux personnes qui s’aiment dans une chambre,
deux notes qui bavardent en riant,c’est assez pour me rendre la terre habitable...
(La présence pure et autres textes)
Christian Bobin

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